Le mas de Baumes (200 ha et 1000 m² de bâti) est cité au XIIIe siècle comme propriété de l’évêque de Maguelone. Au XVIe siècle, il appartient au seigneur de Roquefeuil, grand rassembleur de terre sur le causse de l’Hortus et alentour. Depuis au moins le XIVe siècle, la métairie de Baumes – comme certains mas des environs – est régulièrement louée à des « compagnies » de gentilshommes verriers. L’une de ces familles acquiert le domaine au cours des années 1760. La verrerie à bois fonctionne jusqu’à la Révolution. Concurrencées par les verreries à charbon dès les années 1770, les verreries forestières cessent peu à peu leur activité. Le mas de Baume, revendu par les descendants des verriers au XIXe siècle, redevient un domaine entièrement voué à l’agriculture et à l’élevage jusqu’aux années 1960. En 2005, les locaux sont rénovés et transformés en hôtel‐restaurant…
Au nord‐est, des bâtiments en équerre, abritant logements et communs, bordent une cour où se trouvent les vestiges de deux fours de verriers. Au nord‐ouest, une bergerie voûtée jouxte une aire de dépiquage dallée tandis qu’au nord est implantée une autre grande bergerie. Les constructions témoignent des diverses activités du domaine : élevage, cultures céréalières, artisanat du verre…
Remarquer tout particulièrement l’aire de dépiquage (ou battage) qui était utilisée, après moisson, pour séparer les grains de leur enveloppe. La sécheresse du climat méditerranéen permettait d’effectuer cette opération en plein air, tandis que, plus au nord, on battait les céréales à l’intérieur. Deux procédés étaient utilisés : soit des animaux, le plus souvent des boeufs ou des chevaux, foulaient les grains (technique du « dépiquage »), soit les hommes les battaient avec des fléaux (technique du battage). L’utilisation des machines à battre manuelles ou mécaniques, courant XIXe siècle, puis l’apparitiondes moissonneuses‐batteuses au XXe siècle, provoquera l’abandon des aires de battage.

Une construction de pierres ruinée a été improprement nommée «cachette des verriers ». La tradition voudrait que des artisans du verre, restés huguenots après la Révocation de l’Edit de Nantes, s’y soient dissimulés. Or les gentilshommes verriers de ce secteur se sont convertis ou se sont exilés. Sans fondement historique donc, cette appellation témoigne cependant du souvenir des persécutions subies par les Protestants sous le règne de Louis XIV.

Pratiquée depuis le Moyen Âge, la fabrication du charbon de bois connaît un dernier essor entre les deux guerres, grâce à l’arrivée des immigrants italiens qui vont souvent se charger de ce labeur ingrat. Les patrons charbonniers construisent, ou restaurent, une cabane en pierre sèche, dans laquelle ils logent et à proximité de laquelle ils édifient une meule de combustion. Autour d’une cheminée constituée par des poteaux fichés dans le sol, le charbonnier entasse le bois qu’il a coupé avec l’aide d’apprentis, Le tas, de forme arrondie, atteint environ deux mètres de haut, soit 12 à 14 stères. Sasurface est colmatée par un mélange de terre, de mousse et de brindilles puis recouverte d’une fine pellicule de terre. Il faut alors enflammer la meule en jetant des braises par l’extrémité de la cheminée. Le charbonnier doit la surveiller jour et nuit : il « nourrit » le foyer mais évite qu’il ne s’enflamme et produise des cendres. Après plusieurs jours de combustion, le charbon de bois est recueilli, nettoyé et mis en sac. La légèreté de ce combustible facilite son transport vers les villes et villages où il était autrefois utilisé dans les braseros, les potagers et les fers à repasser. On en jetait aussi quelques morceaux dans les puits et les citernes pour purifier leur eau. Les charbonniers, hommes des bois au visage noir et à la vie de reclus, souvent étrangers, avaient mauvaise réputation : on menaçait les enfants turbulents d’être emportés par eux. Aujourd’hui, ne subsistent de leur activité que des emplacements noircis ainsi que des cabanes en ruines et … un patronyme (plus de 10 000 personnes, en France, portent le nom de Charbonnier).

Une lavogne est une mare artificielle destinée à abreuver les troupeaux de moutons. Sa large circonférence est adaptée au nombre souvent important de bêtes. Aménagée dans une petite dépression argileuse naturelle elle est alimentée soit par la pluie, soit par un point d’eau attenant. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’argile du fond, damée, suffisait à assurer son étanchéité. Depuis, les Lavognes ont été pavées puis cimentées ; l’étanchéité est ainsi améliorée et l’eau est moins salie par les pas des bêtes. Les pavés, légèrement bombés, évitent aux animaux de glisser. La lavogne est un ingénieux aménagement destiné à lutter contre le manque d’eau en surface qui affecte cruellement les causses.

La fabrication artisanale du verre Il convenait d’abord de mélanger trois ingrédients provenant d’éléments naturels de la région :
‐ de la silice trouvée sous forme de sable ou obtenue par broyage de galets de quartz des bords de l’Hérault
‐ de la soude tirée de la combustion de la salicorne, plante des étangs languedociens
‐ de la chaux issue de la combustion de roches calcaires
Des oxydes métalliques étaient souvent ajoutés pour teinter le produit fini. Le mélange était ensuite fondu dans des creusets en argile réfractaire. La pâte de verre liquide était enfin soufflée avec une « canne » puis façonnée avec des fers et des ciseaux, ou bien moulée. La tradition rapporte que le roi Louis IX avait accordé aux seigneurs qui l’avaient accompagné en Terre Sainte, ruinés par l’expédition, le droit de pratiquer « l’art et la science de verrerie » sans déroger, c’est à dire sans perdre leurs titres de noblesse. Les premiers ateliers connus dans la région remontent au XIVe siècle. Cet artisanat de luxe produit des gobelets à la mode vénitienne, des fioles et des flacons destinés aux apothicaires et aux parfumeurs. En 1445, Charles VII confirme les privilèges des maîtres verriers, essentiellement des exemptions fiscales, et réaffirme leur obligation d’appartenir à la noblesse. La production de verre ralentit au moment des guerres de Religion, mais connaît son apogée au XVIIe siècle. L’importante production régionale de parfums et l’essor urbain provoquent un accroissement de la demande. Montpellier, avec sa faculté de médecine, commande du verre en grande quantité. Les ateliers, qui comptent généralement entre cinq et dix ouvriers, se multiplient, avec une forte concentration au nord du pic Saint‐Loup. Les maîtres surveillent les fours et ne réalisent que les pièces délicates. Tous issus de familles de gentilshommes‐verriers, ils ne peuvent exercer qu’après une formation de dix ans. Ils forment un corps qui veille à leurs intérêts et à leurs privilèges mais leur vient aussi en aide en cas de difficultés. Cependant, le gouvernement s’inquiète de la déforestation entraînée par les énormes besoins en bois de chauffe des verreries. Les agents de Colbert contrôlent les coupes et mettent à l’amende les maîtres qui empiètent sur les forêts domaniales. Au début du XVIIIe siècle, d’importantes commandes de bouteilles permettent un renouveau relatif de la production. Mais, dès 1723, le pouvoir royal réglemente encore plus strictement les coupes de bois et interdit la création de nouvelles verreries. Il ordonne ensuite, à la demande des Etats du Languedoc, le déplacement des verreries dans les zones montagneuses, comme l’Aigoual, où « le bois ne peut être d’aucune utilité pour les habitants de la Province ». Les maîtres verriers n’ont les moyens ni de transférer leur production, ni de payer le bois, de plus en plus rare. Ils vont peu à peu cesser leur activité. En 1780, il ne reste plus que quatre verreries forestières. A la fin du XVIIIe siècle, l’industrie du verre va se déplacer à proximité des bassins houillers (Alès, Graissessac) qui fournissent un nouveau combustible. En effet, depuis le milieu du siècle, l’exploitation du charbon de terre s’est développée et a concurrencé le bois. Ainsi, dans le secteur de Bédarieux, s’ouvrent les verreries d’Hérépian et du Bousquet d’ Orb. La verrerie du Mas de Couloubrines l’ancienne verrerie de Couloubrines, à moins de 500 m du village de Ferrières‐les‐Verreries a été restaurée à partir de 1989. La métairie qui a abrité une verrerie de façon intermittente entre le XVIe et le XVIIIe siècles, comprenait un corps de logis principal à trois étages et des dépendances artisanales et agricoles. Mentionnée sous le nom de « mas de Calazau » au XVe siècle – c’était alors un domaine exclusivement consacré à l’agriculture et à l’élevage – elle est rachetée au début du XVIe siècle par Thomas de la Roque, un gentilhomme verrier qui y pratique avec plusieurs compagnons « l’art de verrerie ». Calazau devient alors « Couloubrines », du nom de la verrerie familiale des Laroque. Relayée par des ateliers installés dans des métairies voisines, comme celle de Baume, elle fonctionne très peu au XVIIIe siècle. L’organisation précise de l’atelier est mal connue. On a cependant identifié un entrepôt pour les matières premières, une aire de travail dallée et trois fours. Ceux‐ci étaient garnis en bois d’un côté et vidés de leurs cendres à l’opposé. Deux d’entre eux étaient destinés à la fusion du verre tandis que le troisième, le four de refroidissement, servait à entreposer les objets terminés et encore brûlants pour éviter un choc thermique qui les aurait brisés.

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Coordonnées
Le Mas de Baumes
34190 Ferrières-les-Verreries, Hérault
Tél. : 04 66 80 88 80